Fêtes et désastres de la narrativité contemporaine

Hyperséminaire/Colloque du vendredi 26 février 2010

Lieu : UQAM, salle des Boiseries

À Michel Meyer affirmant dans ses travaux sur sa problématologie que la rhétorique fait toujours retour dans les époques où l’organisation politique de la vie sociale semble ne plus générer de projet d’émancipation collective crédible, on aurait envie de dire que la narrativité n’est pas en reste. Si des antithèses idéologiques («La souveraineté ou la santé»), des euphémismes («Y a quelqu’un qui m’a dit») et des énoncés pour méthode Coué («Yes, we can») agissent quelque temps comme des balles traçantes dans le ciel de l’imaginaire social, la propension à la fiction narrative, orientée vers soi, vers l’autre, les autres, l’avenir, le cosmos, autrement dit vers tout ce qui fait rêver ou peur et vers tout ce qui fait question prend soudain des dimensions étonnantes, et d’autant plus aujourd’hui qu’elle est largement soutenue par les nouveaux médias technologiques. Quand les argumentations paraissent toutes s’annuler et que tout apparaît comme une enfilade de «dialogues de sourds» (voir le livre récent de Marc Angenot sur la question), il semble bien que l’être dit sapiens s’en remette à la narration, réinventant sans cesse un lancinant Il était ou sera une fois, projeté à tous vents dans l’espace et le temps, ici, maintenant, ailleurs, plus tard, un jour, jamais. Dans une démarche heuristique, et profitant des nombreuses propositions de conférence reçues en vue du séminaire mensuel 2009/2010, on a voulu réunir une gerbe de travaux abordant de front cette narrativité protéiforme. Les conférenciers ont cette mission : dites-nous ce qui se raconte, comment, et pourquoi.

La journée du 26 février se présente donc comme une énorme séance de séminaire (les communications iront jusqu’à trente minutes et seront suivies d’une période de question) costumée en colloque d’un jour.

  • Elaine Després (UQAM) : «Exercer la (pseudo)médecine sur douze générations : Doctor Olaf van Schuler’s Brain de Kirsten Menger-Anderson»
  • Éric Vignola (Université de Montréal) : «Le blog, ça ne s’invente pas. De l’anecdote comme moteur narratif hypertextuel»
  • Vicky Pelletier (UQAM) : «Entre utopie et désenchantement : l’Amérique de Don DeLillo»
  • Sylvain David (Université Concordia) : «Poétique de l’advenu chez Michel Houellebecq»
  • Stéphane Inkel (Queen’s University) : «Politique du devenir chez François Bon»
  • Élisabeth Nardout-Lafarge (Université de Montréal) : «Produits du terroir et tombeaux des crocquants : le Limousin dans la littérature française contemporaine»
  • Azouz Ali Ahmed (Queen’s University) : «Le bourgeois sans-culotte, ou le Spectre du parc Monceau : une lecture katébienne de l’histoire»
  • Alain Farah (Université McGill) : «Changement de garde, qui garde? Olivier Cadiot et la question du pouvoir»