Houellebecq pluriel

Journée d’étude

27 avril 2018

Université de Montréal – Pav. Lionel-Groulx, C-8141 (3150 rue Jean-Brillant)

Organisation :
– Olivier Parenteau
– Pierre Popovic
– Martin Sultan

Avec la participation d’Agathe Novak-Lechevalier (Université Paris X-Nanterre)

D’Extension du domaine de la lutte (1994) à La Possibilité d’une Île (2005) en passant par La carte et le territoire, prix Goncourt 2010, ce sont avant tout les romans qui ont fait la notoriété de Michel Houellebecq et, de son œuvre, ce sont eux qui sont les plus lus et les plus commentés. Ils sont aussi les plus étudiés dans l’intellosphère universitaire. Voilà une chose étonnante! Alors que ces proses romanesques sont régulièrement données pour «clivantes», à l’exemple d’un roman d’anticipation comme Soumission (2015) dont l’action est projetée dans une France future où la République est désormais dirigée par un président d’obédience musulmane, elles surmontent les différends qu’elles engendrent par la provocation que tantôt on leur prête et l’indécision que tantôt  on leur concède. La provocation est-elle féconde ou impudente? L’indécision entre plaisir de l’ironie et délectation morose appelle-t-elle un dépassement ou assèche-t-elle par avance toute utopie nouvelle? Ces contradictions font des romans précités et des autres romans houellebecquiens des Goncourt en puissance (plusieurs d’entre eux furent favoris du prix avant 2010), c’est-à-dire des «monstres», en cela qu’ils sont à la fois scrutés par les théoriciens de la littérature et lus par un large public. Pour penser autrement ces contradictions en évitant le double étau «provocation/indécision», cette Journée d’étude du part du caractère pluriel et polymorphe de l’œuvre houellebecquienne.

Cette pluralité est de deux ordres. Premièrement, elle se donne à voir dans les genres et les pratiques littéraires et artistiques. Sans pour autant négliger les romans et leurs branchements sur l’histoire du genre romanesque, on se donnera pour objets les recueils de poèmes (de La Poursuite du bonheur [1998] à Configuration du dernier rivage [2013]), les chansons tirées des poèmes (Établissement d’un ciel d’alternance [2007]), le jeu de l’acteur (Saint Amour de Benoît Delépine et Gustave Kervern [2016]), les films réalisés (La Rivière [2001], L’enlèvement de Michel Houel/ebecq [2014]), les essais (Interventions 1 et 2 [1998 et 2009]), les scénarios (Monde  extérieur[2004, avec Loo Hui Phang]), les nouvelles (Rester vivant  et autres textes [2005]), les œuvres photographiques, etc. On cherchera à dégager et à comparer entre elles les façons dont chaque forme esthétique élabore un procès de sens. Deuxièmement, cette pluralité est toujours déjà interne aux œuvres. Celles-ci avalent et transforment des récits, des poétiques, des icônes, des savoirs, des mises en scène de la parole publique, elles recyclent ou revampent des patterns culturels et historiques, des langages et des oraisons, dans un mélange maîtrisé. On cherchera à comprendre la logique et l’efficace de cette double pluralité en la rapportant à la semiosis sociale  telle  qu’en  elle-même le tournant du XXe au  XXIe siècle l’a changée et temporairement fixée.

Cette journée entre dans le cadre d’un projet de recherche subventionné pour cinq ans (2016-2021) par le CRSH. Elle prend également place dans la suite des collaborations fructueuses qui ont réuni ces dernières années le Centre FIGURA et le Centre de recherche interuniversitaire en sociocritique des textes (CRIST) à l’occasion de conférences, de séminaires et de rencontres scientifiques multiples.

Consultez le programme détaillé

La journée se terminera par le lancement du nouveau numéro des Cahiers ReMix «Repenser le réalisme».