XIe conférence inaugurale du CRIST
Le Centre de Recherche Interuniversitaire en Sociocritique des Textes a dix ans et c’est donc aux fêtes, aux célébrations et autres commémorations, des plus jubilatoires aux plus soporifiques ou pompeuses, qu’il consacre sa onzième conférence inaugurale.
Synonymes imparfaits, les termes «commémorations», «fêtes» et «célébrations» renvoient à des cérémonies et des rituels différents. Alors que les commémorations forment un phénomène social relatif au passé et à la mémoire collective, les célébrations mettent à l’honneur des figures, des événements, des communautés, des identités, des «fiertés», etc. Ces cérémonies se distinguent des fêtes qui supposent des dérogations à l’ordre pour mieux restaurer l’assentiment à l’ordre préconisé. Qu’ils relèvent de l’usage idéologique du passé, de pratiques culturelles et de rituels anthropologiques divers ou des logiques marchandes de la société de consommation, ces trois phénomènes s’inscrivaient jadis dans des traditions, des coutumes et des politiques nationales qui leur attribuaient une périodicité. Ils semblent relever désormais d’une festivité permanente et réactivée ad nauseam.
Quels sont les récits, les dramaturgies, les savoirs, les images et les discours que mobilisent les festivités, les commémorations et les célébrations qui rythment notre vie sociale? Comment la littérature et les arts représentent-ils ces cérémonies et ces rituels auxquels nous prenons part afin de célébrer le 375e anniversaire de Montréal, de commémorer les cinquante ans de Mai 68 ou de fêter l’arrivée du nouveau Beaujolais? À quelles figures, quels récits, quelle théâtralité, quelles images, quels savoirs et quels discours les fêtes donnent-elles lieu et comment la littérature et l’art les évoquent-ils de manière critique? Plutôt que de se demander quels sont les divers registres – didactique, politique, juridique et esthétique, social ou anthropologique – de la gestion visible du passé par les différentes institutions d’une société, des modes de contrôle social qu’impose la festivité d’une époque ou de réduire la célébration à un instinct grégaire, cette journée visera à examiner le devenir symbolique de la mémoire collective, du vivre-ensemble et du sens qu’une société donne à sa propre organisation sociale lorsqu’elle célèbre, fête ou commémore.