Régine Robin (1939-2021)

Au terme d’une longue maladie Régine Robin vient de nous quitter. Le CRIST est en deuil, et en grand deuil. Elle avait été ravie de figurer parmi les quatre grands critiques (Marc Angenot, André Belleau, Gilles Marcotte et elle) réunis par Pierre Popovic sous le nom de l’« École de Montréal » de sociocritique. De cette École procéda le CRIST. Elle en fut la marraine. C’est elle qui en prononça la « Conférence inaugurale », devant une salle comble, le 28 août 2008, avec pour titre : « Écrire la mégapole aujourd’hui ». C’est elle, et ce ne pouvait être qu’elle, tant il y avait dans ses travaux d’attention pour l’hétérogène, pour les altérités constitutives des écrits littéraires (mais aussi des œuvres cinématographiques ou des organisations urbaines), tant elle attachait d’importance aux inventions, audaces, folies de la mise en texte (Duchet), tant elle donnait à la fiction la mission de donner à connaître ce que les savoirs positifs omettaient de prendre en compte, ayant des tas de données à fouetter, là où il aurait fallu tenir compte de la complexité des êtres et de leurs trajectoires sur cette terre. Pour un bon nombre de jeunes et moins jeunes chercheurs ou créateurs, elle a été, est et restera une formidable inspiratrice. Pour ses amis et ses amies, qui sont parfois les mêmes, elle a été, est et restera une femme libre, intelligente, joyeuse, combative, et avec qui jamais aucune rencontre ne fut banale.